Bernia comme vous ne l'avez jamais vue

Mardi 20 mai, et si on revenait une fois de plus sur la Bernia pour la rando engagée du jour? Mais pas la Bernia de toda la vida, au départ de Pinos, avec sa boucle classique qui passe par les cases du tunnel et du fort pour ceux qui tournent dans le sens des aiguilles d'une montre, ou celles du fort et du tunnel pour ceux qui préfèrent remonter le temps... Nous vous proposons un itinéraire beaucoup plus insolite et infiniment moins fréquenté. La Bernia comme vous ne l'avez jamais vue. Et comme Henri-Claude et moi ne l'avons vue qu'une fois, en avril 2024, avec LAFMA. Au départ d'Altea Hills avec une montée sur les contreforts et le versant sud vers la proue du massif et la mer puis le long du flanc nord jusqu'au tunnel, en passant par la spectaculaire forat de Bernia. Aucun des 16 autres participants, ni Philippe N., ni Isabelle et Philippe K., ni Sabine et Dominique, ni Nathalie et Bernard, ni Philippe L., ni Daniel, ni Marc, ni Alain, ni Clémence, ni Françoise, ni Anne et Michel et encore moins leur fils Pierre ne savent ce qui les attend au moment de cette photo de groupe.

En tous cas, ça n'a pas l'air de les inquiéter outre mesure... Y'en a quand même une qui a dû se tromper de rando. Le Pôle Nord, c'est un autre groupe Sabine!

Terrain caillouteux, sec et pentu dès le démarrage. Bernia, au dessus de nous, paraît hors d'atteinte. Mais le sentier ne fait qu'une bouchée de ces falaises...

Et nous montons vite, sans un regard pour la plaine de Callosa, le massif de la Gelada et au loin Benidorm et sa barrière de tours...

Trop dommage de rater ce spectacle, semble dire Pierre. Pas encore blasé. Les retraités, j'vous jure... Toujours pressés...

Où sont-ils passés d'ailleurs? Ils sont déjà dans la forêt. À couvert et provisoirement à l'abri des rayons du soleil.

Heureusement, les tables et les chaises de guingois de la mystérieuse petite maison inoccupée, nous attendent toujours, fidèles au poste, au bord de la falaise.

Cette somptueuse terrasse vue mer appartient-t-elle encore à quelqu'un, à part aux randonneurs de passage ? Il faudrait sans doute revenir l'été pour le savoir. Mais gare à la chaleur...

Pour l'instant, nous approchons de la fin de la première étape de ce circuit.

Le Collado Passet est à portée de jambes et de whaou.

Whaou!!! Nous sommes les maîtres du monde. De la Bernia en tous cas, perchés sur sa proue rocheuse, debout et fiers et cambrés face à la mer.

Derrière nous, la plaine de Callosa et le sud dont nous venons, bordés par le Puig Campana et le mont Ponoig.

Et devant, entre mer et autoroute, entre Montgo et Olta, toute notre côte préférée s'offre à nos zyeux zéblouis.

Nos casquettes en restent médusées et sans voix. Mais pas Henri-Claude, est-il besoin de le préciser...

Un moment de charme et de sidération étant vite passé, la vie du groupe reprend le fil de sa comédie habituelle autour du décor inspirant de cette croix tordue plantée dans le roc. Il y a ceux qui se la jouent sobre dans le rôle de l'exorciste randonneur...

... ceux qui préfèrent incarner un belge déjanté à deux doigts de voler au dessus d'un nid de coucou

... celle à qui on donnerait le bon dieu sans confession mais qui derrière ses lunettes noires ne rêve que de pole dance lascif et endiablé

... et ceux qui se préparent pour leur prochain Hellfest breton.

Bon, l'Actor's Studio, c'est fini. Vous avez assez joué comme ça. Le massif comme vous ne l'avez jamais vu, c'est NOW !!! C'est bien, Marc! Tu as déjà enfilé ton costume d'aventurier de la Bernia et de son arche perdu.

Et maintenant on y va!!!

Une deux! Une deux! On lève les yeux!!!

Mesdames et Messieurs! Let me introduce the Bernia from east to west!!!

Je veux voir de l'enthousiasme. Une foule en délire. Faites du bruit!!!

Ben, vous avez un coup d'mou ou quoi? Vous avez tout donné sur le col tout à l'heure? Tant pis, on repart...

... sur un sentier qui est tout sauf un long fleuve tranquille.

La preuve vu d'en bas...

Mais le plus beau et le plus sportif reste à venir, encore caché à notre vue derrière cet arbre et ce rocher...

Quelque chose me dit que ce n'est plus le cas...

L'arche est là. Enfin... presque !

Il faut la mériter et mouiller la chemise pour l'atteindre. Quand je pense que 5 d'entre nous sont en train de monter pour rien...

Enfin, pas tout à fait pour rien !!! Un magnifique mouflon à manchettes et son petit viennent de s'inviter dans le paysage. Pas trop farouches, même s'ils finiront par s'éclipser avant que nous ayons fini notre montée infernale.

Aucune chance de s'en rapprocher : dans une telle pente, un vieux randonneur même au mieux de sa forme ne peut pas rivaliser avec l'arruy véloce...

En approche enfin...

L'arche et sa corde à noeuds attendent les valeureux (ou inconscients) explorateurs de l'extrême.

Isabelle, Clémence, Michel, Anne, et moi n'en ferons pas partie. Très peu pour nous le vertige et les éboulis. Sans compter que nous préférons redescendre à notre rythme et avant le reste du groupe cette pente infernale et instable. Une pierre volante est déjà passée à ça de la tête de Clémence, à peine les premiers apprentis alpiniste dans la place... Nous on se casse!!!

Vazy Françoise! Tiens bien la corde. C'est juste après que les problèmes commencent...

Et on comprend mieux pourquoi quand on voit la pente et le terrain caillouteux sur lequel il faut progresser une fois passée la première corde.

On ne peut y avancer qu'à 4 pattes dans la montée...

... et en position dite de l'araignée dans la descente. Pas étonnant que les pierres volent bas dans ces conditions. Parmi les rescapés de l'aventure, Henri-Claude dont la tête a échappé de justesse à l'une d'entre elles. Et dont le bras droit a arrêté un pavé en plein vol. Plus de peur que de mal et juste une grosse écorchure. À se demander si un prétendant à la présidence de l'UFTM ne s'est pas infiltré dans le groupe pour accélérer le processus de remplacement.

C'est promis, la prochaine fois on montera en armure... Mais je ne voudrais pas vous laisser sur une mauvaise impression. Si l'entreprise est risquée, elle réserve aussi au groupe de grands moments de plaisir et de belles images. Celle-ci, par exemple, de Daniel sur l'arche perché. Mais par où est-il monté?

Par là, où une seconde corde permet de passer à l'étage supérieur...

Comme le feront Françoise et ses loooooongues jambes...

sans oublier Bernard et Alain...

et Dominique et Philippe G. Plus on est de fous plus on rit mais faites gaffe tout de même. Une corde usée et moyennement assurée peut être risquée dans ces contrées. Mieux vaudrait une bonne vieille chaîne. D'ailleurs, les vrais montagnards de la bande, Marc et Pierre, ont jugé plus prudent de s'abstenir...

Au moins, évite de descendre la tête la première Françoise...

Pas de panique! Tout est sous contrôle. Les 2 MIB de service sont formels. Et il faudrait peut-être redescendre maintenant que vous avez bien fait les fous...

Ce n'est pas qu'on s'ennuie, mais on vous attend depuis un bon moment... et on a encore de la route. La sortie c'est par là...

Heureusement que Philippe K., parti devant, nous fait agréablement patienter avec son florilège d'expressions belges du terroir qui font un peu mal aux oreilles mais dont on ne se lasse pas... Du coup, quand il va rarriver, je vais pouvoir demander à Henri-Claude s'il ne s'a pas fait mal avec le pavé et lui dire que j'en suis t'été malade rien qu'à imaginer qu'est-ce qu'il aurait pu lui arriver.

La prochaine fois, en plus de l'armure, on amènera des frontales et on visitera la Cova dels Arc. Il paraît qu'on a raté quelque chose. C'est qu'est-ce qu'on m'a dit en tous cas...

Tout le monde est là, sain et sauf. Nous pouvons reprendre le cours de cette rando. Prochaine étape le tunnel...

Nous ne sommes pas tirés d'affaire pour autant. La traversée de ces devers sans filet est particulièrement inconfortable. Preuve que le sentier est peu entretenu et que cette partie de la Bernia est beaucoup moins fréquentée que la portion ouest. D'ailleurs, nous n'avons croisé ou doublé personne jusqu'à maintenant et tous ceux que nous rencontrerons aux alentours du tunnel seront des berniens de l'ouest...

Et pourtant, c'est tellement beau de ce côté.

Daniel, c'est fou comme le jaune te va bien. Tu devrais en porter plus souvent...

Dernier virage avant le tunnel (on se croirait dans une course de F1 ou de moto...).

Le groupe n'a plus que quelques dizaines de mètres à parcourir avant de passer... à l'ouest? non, au sud!!! Quelle émotion. Et pour certains, ce sera même un baptême... Mais pour tous, comme à chaque fois, ce sera au minimum un accouchement...

Tout se présente bien pour Isabelle, col ouvert, position parfaite...

Plus délicat pour Philippe, un autre beau bébé... à deux doigts de sortir par le siège...

Respire Alain... L'apnée oui, l'asphyxie non...

Philippe a l'air d'avoir souffert... Quelle idée aussi de traîner des wagonnets au fond de la mine...

Fingers in the nose apparemment pour Henri-Claude, qui a tout de même une fâcheuse tendance depuis quelques temps à partir de travers de partout.

Tout le monde est sorti? Personne n'est resté coincé à l'intérieur? Il manque Dominique et Sabine, mais le premier pointe le bout de sa casquette, la seconde ne doit pas être loin.

Àààààààààààààààà taaaaaaaaaaaable!!!! Le mobilier est rustique, les sièges pas très confortables mais nous avons faim et on s'en contentera... Les rats aussi apparemment se plaisent ici. La faute à tous les randonneurs de Bernia (dont nous) qui piquent-niquent à la sortie du tunnel. Des compagnons de table qui ont fait se lever précipitamment Clémence au milieu d'une bouchée mais ne perturbent pas Philippe et Isabelle qui ont confirmé la présence de la bestiole parmi nous.

Si tout le monde a fini, on va laisser le terrain au rongeurs et prendre le chemin de la descente. C'est par là, le long de la falaise...

Tu peux lâcher le panneau Philippe. On devrait savoir se débrouiller avec Wikiloc et je pense qu'on n'a pas le droit de l'emporter avec nous...

C'est parti pour un sentier en mode jungle...

Quand vous voudrez bien vous donner la peine. Le reste du groupe est déjà parti...

Ce pierrier est chaud comme la braise et nous y cuisons comme de la viande sur la pierrade. Vivement le sentier à couvert qui ne devrait plus tarder...

C'est qu'est-ce que j'disais déjà???

Le passage dans le forêt et la petite maison au borde de la falaise, c'est coché. Nous retrouvons le chemin de caillasse du début. Ça sent l'écurie...

Surtout rester concentrés, ne rien lâcher. Ce serait trop bête de se faire mal après ce que à quoi nous avons survécu... Je rigole...

Il en manque deux. Mais un randonneur peut toujours en cacher un autre. Et le hors champ est aussi dans le domaine du possible...

Et voilà la ligne d'arrivée. C'est Alain qui l'a passée en tête (et en courant pour être le premier et avoir sa photo dans le journal). Mais on a tous gagné puisqu'on a battu collectivement le record de temps en parcourant les 8 kms et les 600 m de dénivelé de cette rando en à peine plus de 5 heures alors qu'il nous en avait fallu 6 en avril 2024...

J'arrive enfin au bout de ce blog interminable. Merci aux photographes qui se sont éclatés. J'aurais toutefois un léger reproche à leur adresser : plus ils font de bonnes photos plus j'en choisis et plus c'est long... Faites un effort la prochaine fois. Pensez à moi...

Sinon, c'était top. On s'a bien plu. On s'a pas disputé.

Alors à tantôt pour de nouvelles aventures...