Sur les chemins du Sénégal J10
- catherineyautier1
- 13 mai 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 mai 2024
Samedi 11 mai, nous avons quitté ce matin Kédougou et son hôtel Bedik. Mais pas le monde des Bediks pour autant puisque nous partons pour Iwol, le village le plus important et le plus authentique de cette ethnie... Avant de rejoindre le pays Bassari dans l'après-midi et d'inaugurer à Ethiolo les fêtes qui donnent leur but à notre voyage...
Promis! Vous allez vous régaler les yeux!!!!!
Je dirais même plus : souayéz les bién vénus sur mon blog!!! Sava souinguér!!!

La matinée n'avait pourtant pas commencé comme prévu... Le guide et son groupe de 5 personnes auquel nous devions nous joindre pour grimper à Iwol nous faisait faux bond. Pas question pour une de ses touristes monter à pied, donc plus d'Iwol au programme pour eux.
Et pas question pour nous de ne pas y aller. Tout problème ayant sa solution, même en Afrique, notre guide défaillant sort un autre guide de sa manche. Et c'est Alpha qui nous conduira en moto jusqu'au pied du plateau et nous fera ensuite la visite... Didier a failli s'énerver, mais suivre un gars à moto avec son bolide, ça calme... Ouf!!!!!

Nous sommes sur site, accueillis par une escouade de gamins. Sont-ils Bediks ou sont-ils Peuls? Difficile à dire... Les Peuls sont arrivés dans la région au 12ème ou 13ème siècle et l'ont bien noyautée... Les Bediks (comme les Bassaris d'ailleurs) étaient et sont toujours de farouches animistes et n'ont pas pu rester (euphémisme et raccourci pour dire qu'ils ont dû se battre et se cacher et ont fini sur les plateaux). De nos jours, les Peuls étant partout et la paix ayant succédé (au moins par ici) aux guerres de religion, on trouve des Bediks en bas et des Peuls en haut et réciproquement...

La montée ne va pas tarder. Attachez vos ceintures...

Serrez vos lacets et enlevez les chausse-pieds de vos chaussures. Oh pardon, Didier!!! Ce n'est pas un chausse-pied mais un coutelas...

On est sur la Lune, ou bien??? Ou bien en effet... Le sentier passe le long des brûlis qui servent à se débarrasser de toutes les herbes sèches.

Ça grimpe et les premiers de cordée sont partis à fond la caisse... Mais quelle drôle d'idée!!!

Fait chaud et fait soif!!!! Les courants d'air sous les arbres et les filets d'eau fraîche de nos gourdes sont des bonheurs intenses... et éphémères!

Mais où trouvent-ils encore leur énergie ? Un petit festival de hard métal n'est pas vraiment d'actualité...

En revanche, bonne nouvelle!!! Nous sommes arrivés après 45 minutes de montée en moyenne...

Voici les toits des cases d'Iwol derrière le manguier géant qui marque l'entrée du village.

Les premiers à arriver pour nous accueillir sont les anciens, particulièrement beau celui-ci, dans sa tenue gay friendly...

... suivis de près par les villageoises les plus affûtées qui nous servent des assiettes entières de bimbeloterie (pardon Gabrielle, de bijoux ethniques...)

... et de poupées minimalistes et plutôt rigolotes...

Les fondements de l'économie locale sont assez simples. Ils reposent sur 2 concepts, celui du cadeau (pour remercier les villageois de nous accueillir et de se laisser prendre en photo) et celui de l'échange monétaire (pour acheter des produits d'artisanat ou des boissons fraîches, essentiellement les premiers d'ailleurs car les seconds ne courent vraiment pas les rues ou ce qui en fait office par ici...). La noix de cola est le cadeau idéal mais n'est pas inépuisable. Quant aux achats, ils butent sur l'absence totale et irrémédiable de monnaie au dessous de 5000 CFA. Comme tout est à 1000, 2000 ou 3000 CFA, je vous dis pas le problème.... Mais tout finit toujours par se négocier, les photos comme les achats....

Les formalités terminées, la visite du village peut commencer. Avec son église (car les missionnaires catholiques ont réussi à infiltrer l'animisme Bedik, sans toutefois le supprimer, il a la vie dure), un chef d'oeuvre de minimalisme...

... et ses tranches de vie : Iwol est un vrai village avec une vraie vie, les toubabs ne font qu'y passer...

En contribuant tout de même à son développement grâce à leur argent et l'intervention de quelques associations, comme en témoignent ces panneaux solaires et la pompe...

... et la casa de santé (un mélange linguistique qui révèle une présence également très soutenue de l'Espagne sur beaucoup de projets par ici)

Iwol est même un village important : 618 personnes y vivent et beaucoup de nouvelles cases sont en construction. Là, le mur cylindrique est terminé. Et les pailles prêtes pour couvrir le toit.

Cette curieuse formation alvéolée, des morceaux de termitière champignon en fait, est ensuite pilée et mélangée avec de la bouse de vache et entre dans la composition de l'adobe qui recouvre les murs à l'extérieur et à l'intérieur et isole de la chaleur et peut-être du froid.

Le toit de bambous sera ensuite posé au dessus d'un plafond (également formé de bambous tressés) et recouvert de chaume. En attendant, celui-ci sert d'enclos improvisé pour ce chevreau qui ne va peut-être pas passer la nuit. Il y a des initiations et donc des festivités dans l'air...

Et voilà le travail : une case toute neuve...

Nous continuons notre balade et notre leçon de vie Bedik. Là, les femmes pilent le maïs, pour faire le couscous ou le tô, un plat composé de farine de maïs et de feuilles de baobab.

Ici elles reviennent de la corvée de bois... On commence jeune à s'entraîner au portage par ici...

Mais les femmes se reposent aussi parfois... Quelles feignasses!!!

... ou, comme partout, elles allaitent.

Celle-ci est coquette et réinvente le piercing...

Vous voulez voir de plus près? Aïe!!!

Les enfants sont nombreux autour des maisons. Pas d'école aujourd'hui, c'est samedi...

Tiens, j'ai l'impression que les stands d'artisanat nous suivent et vont se reformer un peu plus loin...

Les voilà! Ils nous ont rattrapés...

À quoi penses-tu, petit bonhomme???

Peut-être à ton grand frère qui fait partie des jeunes en cours d'initiation? Nous les voyons passer dans le village, de loin en loin et de temps en temps, comme des petits zombies en transe...

... s'arrêtant parfois, peut-être en communion avec les esprits

... avant de repartir, avec leur curieuse démarche, bras écartés, droits comme des i, silencieux, sans un regard pour ce qui les entoure...

... puis de disparaître au détour d'une case. Vision étrange, paisible et poétique...

... comme cette croix qui cohabite avec des clefs, celles du Paradis des initiés peut-être???

Il faut dire que le site invite autant au mysticisme qu'à la magie. Dans un endroit comme celui-ci, les esprits existent et Dieu aussi, c'est sûr....

Des tambours de prière sont cachés dans le tronc d'un fromager ... Interdit d'y toucher!!!

Et voilà le baobab sacré. Un sacré baobab d'ailleurs !!!

qui se plie sans se vexer outre mesure à notre série de photos souvenirs.

Non Didier, Tarzan n'a JAMAIS sauté de baobab en baobab!!!!

La visite se termine... Quelques derniers clichés? Un ancien au repos par exemple?

Le même, toujours aussi beau et aussi peu débordé...

Lui non plus n'en fout pas une rame. Mais quelle maîtrise dans la décontraction et l'art de la paresse!!!

J'ai gardé le meilleur portrait pour la fin. À quand l'exposition Henri-Claude???

Notre rencontre avec les Bediks se termine. Elle aura duré le temps d'une matinée. Mais quel beau moment. Nous n'avons croisé que 4 autres touristes, des espagnols, dont 2 qui montaient quand nous redescendions. Le village était presque à nous. Mais c'est lui qui nous a possédés. Merci Iwol...

Il y aura sûrement la fête ce soir là-haut pour les initiations. En tous cas, le vin de palme ne va pas manquer. Il est en train d'arriver à dos d'hommes...

Et ces bambous sont destinés à un de ses toits. Eux vont monter à vélo jusqu'à ce que ce ne soit plus possible de continuer. 2 hommes les porteront ensuite sur leurs épaules. Pas simple la construction sur la falaise de Bandafassi...

Un petit crochet chez Léontine qui nous attend pour le déjeuner...

à l'ombre et dans le pépiement incessant des innombrables tisserins voisins...

Au menu, un gigot de phacochère. Non, je rigole... Celui-ci attend d'être débité dans sa cuisine (savez-vous qu'ici, les boucheries s'appellent des débiteries ou encore dibiteries?). Nous avons mangé du poulet, du riz et des légumes sauce Yassa (il ne faudra plus me parler de poulet pendant un certain temps...).

Un ultime détour chez Denis, au campement de Salemata où nous dormirons demain, pour embrasser Pascaline et prendre 2 bouteilles d'eau congelées qui nous serviront de pains de glace

... immédiatement fracassés par Didier qui les enfourne dans sa magnifique glacière vintage et néanmoins très efficace...

... et nous partons sans plus attendre vers Ethiolo, et le campement touristique La vallée heureuse

En un mot comme en cent.... CHEZ BALINGHO, the place-to-be à Ethiolo.

Nous nous apprêtons à vivre enfin les fêtes d'initiation Bassaris. Mais ceci est une autre histoire. Chaque chose en son temps. Poc a poc comme on dit chez nous.....
C'est tout pour ce blog... Si vous êtes bien sages, et si la chaleur ne fait pas fondre mon ordinateur et ne me réduit pas en une deuxième petite flaque d'ici là, ce sera pour demain matin... ou demain soir...
A suivre.... et encore un peu de patience!
Quel reportage 👍
Magnifiques portraits colorés 👏👏