Sur les chemins du Sénégal fin de J8 et J9
- catherineyautier1

- 10 mai 2024
- 9 min de lecture
Je vous ai laissés le jeudi 9 mai, hier donc, alors que nous nous apprêtions à quitter le campement de Mako (avec un k, désolée pour l'erreur)... Et à rejoindre Kédougou, le plus grande ville du sud-est du Sénégal, proche des frontières du Mali et de la Guinée Conakry, avant d'entamer un épisode plus "roots" de notre voyage, jusque là très confortable, limite pépère...
Flash back. Nous voilà à Kédougou, dont nous traversons rapidement le marché avant d'aller déjeuner...

... au Bagdad café du Relais de Kédougou??? Non, celui-là est en déshérence totale. En face, à l'hôtel Bedik, de la chaîne des Horizons Bleus, où nous reviendrons déjeuner et même dormir demain vendredi, et d'où j'écris en ce moment même ce blog dans ma chambre dont la clim rame à combattre les 47 ou 48° qu'il doit faire à l'extérieur au soleil... Encore un retour vers le futur, à ce rythme, vous allez finir par vous perdre (et moi aussi) dans une faille spatio-temporelle... Revenons à jeudi...

Henri-Claude qui traîne toujours ses guêtres à droite à gauche, sans se soucier des artères de Didier qui vont finir par se boucher d'impatience, est en train d'exciter une bande de gamins footeux, en les faisant crier vive le Réal (de Madrid). Du coup, celui a fond à gauche, part en boudant et refuse la photo : il est pour le Barça...

C'est l'heure du briefing, et comme ça fait au moins cinq fois que Didier nous répète les mêmes informations sans que nous imprimions, il y a intérêt à être au rapport et écouter attentivement. Le premier qui demande si nous allons voir les chimpanzés ou un village Bedik aujourd'hui, est bon pour une cinquantaine de pompes. Ce que je ne conseille à personne par cette chaleur!!!!

Après y avoir déjeuné, nous n'empruntons ni la route qui part vers le Mali ni celle qui rejoint la Guinée, ni d'ailleurs celle qui ne va nulle part mais s'arrête au bord du fleuve. Nous ne suivons pas non plus cette bande de jeunes qui transportent leurs matelas on ne sait pourquoi ni vers où...

Nous partons vers le sud ouest, et la zone limitrophe de le Guinée, par une belle route de latérite, qui nous conduit presque au pied du plateau de Dande, où nous monterons dormir ce soir. C'est là-haut que nous avons rendez-vous avec les chimpanzés demain matin à la première heure... Mais n'anticipons pas... Nous sommes attendus au Centre d'Accueil de la Réserve Communautaire de Dindéfélo, pour un nouveau briefing...

... animé très sérieusement par Djibril, le chef du Centre, très investi dans sa mission pédagogique sur les richesses naturelles du site et le racket des touristes de passage, pour le plus grand bien de la préservation de la zone, de sa faune et des populations locales, bien sûr...

Une fois ces détails sordides réglés, c'est une après-midi nature et randonnée qui nous attend : balade à la cascade de Dindéfélo et plus si affinité, puis montée de la falaise jusqu'à Dande où nous passerons la nuit au campement Chez Doba, sans doute assez rustique, nous verrons bien...

... en compagnie d'Abdulai, étudiant en sociologie qui fait le guide pendant ses vacances... Prêts???

Ah non, comme d'habitude, Henri-Claude manque à l'appel! Il est là où personne ne peut aller à sa place. Mais on ne lui en veut pas, la photo qu'il a prise dans le petit endroit excuse tous les retards!

Cette fois, c'est parti, le temps pour Didier de garer sa voiture dans le campement d'en face...

... et de bien s'imprégner de toutes les consignes

... et nous voilà à pied d'œuvre sur le sentier qui conduit à la cascade...

... où nous ne sommes pas seuls. C'est l'heure de la lessive, visiblement! Et pas sûr que ces très jeunes filles connaissent le sens du mot buanderie ou lavomatic!!!

Ici, il y a bien un pressing mais la lessive et le séchage s'y font collectivement au bout du sentier qui mène à la cascade... C'est pittoresque, convivial et photogénique, mais quelle galère au quotidien!!!!

Ne fais pas semblant de regarder ailleurs Didier... Tu sais que nous savons que tu sais qu'il y a quelques jeunes filles aux seins nus qui lavent leur linge cachées dans la pénombre...

Il nous faut une petite heure de sentiers chaotiques et parfois un peu glissants pour atteindre la cascade, dans la chaleur de l'après-midi. Courage, Gabrielle, nous y sommes presque...

Un dernier fromager impressionnant sur fond de falaise

... dont le tronc est orné d'une curieuse boursouflure, qui évoque irrésistiblement un Éole en chérubin aux joues gonflées d'air. Un peu de vent ne nous ferait d'ailleurs pas de mal. Il fait de plus en plus chaud...

Alléluia!!! Voici la cascade. Enfin... ce qu'il en reste à la fin de la saison sèche!!! L'eau tombe bien de plus de 100 mètres, mais il en tombe peu...

Enfin... suffisamment tout de même pour se rafraîchir...

Pur bonheur!!!!

Mais que c'est bon!!!! De près...

Comme de loin...

On se calme Henri-Claude!!!

Les cascades, même à la fin de la saison sèche, ça peut rendre fou... Gabrielle elle-même qui n'a pas apporté de maillot n'y tient plus et finit par se baigner toute habillée. Avec une telle chaleur, elle ne mettra pas longtemps à sécher. Heureusement que Didier n'a pas succombé à la tentation. C'est à lui que l'on doit toutes ces photos de baignade euphorique et de folie cascadière!

Il est temps de se rhabiller. La montée de falaise nous attend au tournant et elle devrait prendre 1 heure et quelques... En fait, nous allons mettre 2 bonnes heures pour gravir la pente entre rythmes différents, rencontres savoureuses et arrêts réhydratation. Ces femmes mettent moins de temps, pas de doute...

Un vrai défilé de mode africaine. Et un boulot de forçat pour ces femmes en tongues portant souvent des kilos sur la tête et un bébé sur le dos...

Après vous Mesdames!!!

Mais qu'il est mignon... ce petit Didier qui fait risette au bébé. Qui aurait pu deviner que sous sa carapace de baroudeur sévèrement burné, se cachait l'âme d'un grand-père qui s'ignore???

Plus ça monte, plus c'est raide... Mais tout le monde garde le sourire...

Enfin presque... Je tire la langue. Il n'y a qu'Abdulai qui grimpe comme un cabri!

Et qui n'hésite pas à poser au dessus du vide et de Dindéfélo, en bas dans la plaine, posé sur sa branche comme un corbeau pie (même s'il n'y en a pas beaucoup par ici...)

Mon chéri, tu as l'air beaucoup moins décontracté, même si la posture ne manque pas d'élégance et de panache... Quant à moi, je suis au bord de la crise de nerf !!! DESCEND TOUT DE SUITE DE LÀ!!!!!!!!!

Nous sommes presque arrivés en haut et la vue est grandiose (à tomber, oserais-je dire, mais mieux vaut ne pas tenter le sort...).

Passez donc devant, chère Madame, vous avez une belle machette et on ne voudrait surtout pas vous contrarier...

D'ailleurs, nous sommes arrivés sur le plateau, ou presque... On peut enfin reprendre nos conversations là où nous les avions laissées un peu plus bas dans la pente...

Et Henri-Claude s'offre un petit tour de moto pour rire en attendant Jean-Marc, Gabrielle et Karim à l'arrière-garde. Karim nous a rejoint au début de la montée (c'est lui qui nous accompagnera aux chimpanzés demain et qui pour l'instant aide Gabrielle à franchir les marches les plus hautes).

Didier sort sa machette à lui, pas pour démâter les roseaux, mais pour retailler les bâtons de fortune d'Henri-Claude. Il faut dire que les bâtons de marche que nous avons apportés, sont restés dans les valises, bien au chaud, au moment où nous en avons le plus besoin. Faut-il être c........... tout de même!

Dernière ligne droite sur le plateau vers notre havre du soir, en passant par un stade de foot où il y a justement un match... Il paraît que ce sont les bleus et blancs qui ont gagné. Il ne leur manquait plus que du rouge et ils perdaient les pauvres... comme le PSG devant Dortmund...

Et comme la nature ne se refuse rien par ici, il y a même des grottes, et pas des petites, dans les parages... Il est trop tard et nous avons trop envie de nous poser et de boire un coup pour aller les visiter. Ce sera pour une autre fois...

Notre route s'achève ici pour ce soir, chaleureusement accueillis par Bouba qui nous abreuve et nous nourrit délicieusement... Ça se voit qu'on est contents d'être arrivés, non?...

... et qu'on a passé une bonne journée et une bonne soirée avec Bouba, Abdulai et, au fond, Karim. Qui nous a bien expliqué où nous devrions voir les chimpanzés demain, qu'il faudrait partir avant 6h30 pour être sûrs (ou presque) de les surprendre dans le jardin de manguiers près du village d'Afia où ils ont été repérés aujourd'hui

Malgré notre coquette chambrette et sa ravissante et rustique salle de bain attenante, la nuit promet d'être chaude... et tiendra ses promesses. Surtout pour ceux d'entre nous (nous deux par exemple...) qui n'avons pas choisi d'aller dormir dehors. Et surtout pour moi. Car celui avec lequel je partage mon lit depuis plus de 50 ans est de la race des dormeurs pathologiques, de ceux qui réussissent à pioncer par tous les temps, dans tous les environnements et toutes les positions. Et ce n'est pas un petit 35 degrés et quelques, sans air une fois le vent du soir calmé, qui va l'empêcher de roupiller. Même les chèvres particulièrement bavardes la nuit dans le coin, et les coqs qui, ici non plus, ne chantent pas au lever du soleil mais deux bonnes heures avant, quand ce n'est pas trois, ne réussissent pas à le réveiller...

Didier, lui, a apprécié son bivouac, et est fin prêt à se mettre en route à 6 heures...

Et c'est parti, dans la forêt éparse du plateau qui dort encore...

Pas tout à fait tout de même... Quelques uns sont déjà réveillés et en action...

Les femmes sont déjà à la lessive ou à la vaisselle (ou les deux...)

La tisane locale faite à partir de feuilles de kinkeliba, est en train d'infuser... Cette plante a tellement de vertus médicinales qu'on aurait plus vite fait de dire à quoi elle ne sert pas. Mais ça ne nous donne tout de même pas envie d'y goûter...

Nous traversons les champs de chaume que le vent chahute un peu. (Enfin, quand je dis le vent... la brise, tout au plus)...

et des étendues surréalistes de termitières champignons. Il paraît qu'elles sont courantes au Sénégal, mais je n'en avais jamais vu!!!

Nous avons environ 3 kilomètres à parcourir pour nous rendre sur le territoire présumé des chimpanzés. Et nous y allons d'un bon pas...

D'ailleurs, on n'y va pas. On y court!!!

Voilà les manguiers du jardin d'Eden!!! Celui où nous avons rendez-vous avec les chimpanzés du parc naturel communautaire de Dindéfélo. L'émotion nous étreint...

Hélaaaaaaaaaaaaaaaas!!!! Nous avons beau attendre, pas de chimpanzés en vue ! Quelqu'un aura oublié de les prévenir qu'on avait rendez-vous sûrement... Il faudra nous contenter d'un nid bien sûr inoccupé (et à peine homologué). Vous le voyez, là? Mais si, juste là, où il y a des feuilles...

... d'une mangue (délicieuse au demeurant)...

Et en lot de consolation rubrique vie animalière, de quelques singes verts et d'un veau assoiffé martyrisant sa pauvre mère...

... et heureusement d'un martin-pêcheur malachite attendant le poisson

et d'un martin-chasseur du Sénégal en pleine méditation.

Keskonfé? On continue d'attendre sans savoir combien de temps ni si l'attente sera vaine? Ou on entame le retour et la descente vers Dindéfélo avant qu'il ne fasse trop chaud? Karim est partisan de la première option. Didier de la seconde. Qui gagne d'après vous? Le toubab sceptique et impatient bien sûr. Il n'y croit plus aux chimpanzés depuis la partie de foot d'hier soir. Trop de monde, trop de passage dans la zone, pas assez de fruits mûrs et surtout trop d'incertitudes...
Nous revenons sur nos pas par le village d'Afia dont l'école passe un message simple et clair...

Le chemin de notre descente est plus court et moins raide que celui d'hier.

Mais ses pierres sont des livres ouverts sur la géologie de la zone : celle-ci figure dans le chapitre des fissures de séchage, qui apparaissent lorsque le niveau de l'eau baisse.

Celle-ci parle de bioturbation (eh oui, rien que ça...) et révèle des fossiles d'organismes marins...

Quant à celle-là, la plus spectaculaire, ses rides ont inscrit dans la pierre l'action des vagues ou des courants sur le sable dans les eaux peu profondes. Dingue, non?

Mais moi, ce que je préfère, c'est la vieille falaise dans la lumière du matin, derrière son rideau de feuilles vert tendre...

Retour à Dindéfélo et à Kedougou. Et fin de J9, ou en tous cas, de sa partie la plus intéressante...

Demain matin, nous partons à la découverte du pays Bedik, ou plutôt d'un de ses villages emblématiques, Iwol, auquel nous devrons également monter à pinces. Et début des fêtes Bassari l'après-midi à Etiolo...
À suivre donc... prochainement sur vos écrans... On ne va pas chômer dans les jours qui suivent. Donc date de sortie encore inconnue... Patience!!!


Ouah!!! Quelle aventure ! Et on vous y sent si heureux, si fusionnés dans l'Afrique réelle... fusion! C'est le cas de le dire. Chapeau !